«Les soins de santé pourraient ne plus être viables» dit Députée Carol Hughes
Le Bureau du directeur parlementaire du budget (DPB) a publié un rapport qui explique le coût de l’élimination du déficit fédéral au Canada, rapport qui ne plaira pas à de nombreux Canadiens, en particulier les jeunes. Selon le DPB, la dette fédérale sera éliminée d’ici 35 ans, mais l’avenir n’est pas si rose pour les provinces, à qui on demande d’assumer toujours une plus grande part de coûts pour les choses que nous tenons pour acquis, comme les soins de santé.
Bien que l’idée de budgets équilibrés et d’un fardeau fiscal allégé soit attrayante pour les politiciens fédéraux, le risque que le Canada devienne un ramassis de provinces faisant cavalier seul doit être considéré comme l’inévitable issue. Dans un sens, il s’agit d’un tour de passe‑passe puisque les dépenses et le fardeau du service sont transférés d’un ordre de gouvernement à l’autre, et que la plus grande dépense des Canadiens est le coût associé à la prestation des soins de santé.
Une chose est sûre : les provinces le savent déjà. À l’issue des dernières rencontres des premiers ministres provinciaux et confrontés à la perspective de devenir trouver des revenus pour maintenir le système de soins de santé en place, les provinces demandent au gouvernement fédéral de redistribuer l’argent comme il ne l’a pas fait depuis des décennies. En effet, elles demandent à Ottawa d’assumer 25 % des coûts du programme, qui est requis par la loi fédérale et géré par les provinces.
Cette demande est logique à bien des égards. La contribution fédérale s’étiole au fil des ans, mais le rôle principal du gouvernement dans la définition des soins de santé n’a pas changé. À un certain point, l’autorité morale sera dissoute et les provinces seront au bord du gouffre si on ne fait rien.
À l’échelon fédéral, cet enjeu n’est pas une priorité pour les conservateurs. D’ailleurs, ils ont lié le coût des soins de santé au PIB, ce qui garantit que la contribution fédérale continuera de s’étioler d’année en année. Avec la population vieillissante et les baby-boomers qui atteignent l’âge de la retraite, la pression n’a jamais été si grande sur le système de soins de santé. Pris au milieu, les jeunes Canadiens d’aujourd’hui en feront les frais, probablement au prix de taux d’imposition élevés à l’échelle provinciale.
À un moment donné, la contribution fédérale sera si minime que les provinces pourraient décider qu’elles ne peuvent plus respecter les conditions de l’arrangement en matière de santé. Mais il n’est pas nécessaire d’en arriver là. Au lieu de poursuivre la lancée des conservateurs, qui conduit inévitablement au déclin de l’engagement fédéral, nous pouvons à tout le moins maintenir le facteur de progression de 6 % que le Nouveau Parti démocratique propose. Ainsi, le gouvernement fédéral continuerait d’être un partenaire utile dans la prestation des soins de santé et n’exposerait pas les Canadiens à des soins de santé privés à des coûts astronomiques.
Sans un engagement fédéral fort, le retour des soins privés et à but lucratif est une possibilité très réelle. C’est le prix à payer pour la myriade de crédits d’impôt à la pièce qui ont l’air bien beaux, mais qui minent la capacité d’agir du gouvernement. C’est un compromis qui menace l’avenir des soins de santé au moment où les besoins seront grands. C’est laisser un pays dans un plus mauvais état que celui que nous avons bâti et dont nous avons profité. C’est inacceptable.