«Les chiffres de l’emploi : voilà le véritable test pour tout gouvernement» dit Hughes
Le gouvernement s’enorgueillit d’avoir équilibré le budget, mais il ne se vante pas du mince espoir que font naître ses efforts pour améliorer des chiffres stagnants en matière d’emploi et de piètres indicateurs économiques montrant son équilibre budgétaire pour ce qu’il est, soit une illusion temporaire. Ce dont vous entendrez beaucoup parler, surtout si vous regardez les séries éliminatoires au hockey, c’est des quelques crédits d’impôt ultraciblés qui semblent assez favorables aux familles, mais qui n’auront pas une grande incidence sur les nombreuses personnes qui n’ont pas d’entrée de jeu un joli petit bas de laine.
Le gouvernement ne se vante définitivement pas de la pire croissance du PIB au Canada depuis 1930, au début de la grande dépression. Ainsi, nous ne produisons pas tant que cela au Canada, ce que révèlent aussi d’autres chiffres négatifs.
Parmi ces chiffres négatifs, mentionnons le pire déficit commercial de l’histoire du Canada. Ce déficit arrive après la signature d’un nombre record d’accords commerciaux qui, selon les doreurs d’image du gouvernement, étaient censés faire battre des records aux échanges commerciaux. Qui aurait pensé qu’il s’agissait de records négatifs?
Un des plus gros problèmes auquel le gouvernement refuse de s’attaquer, ce sont les pertes d’emplois de qualité dans la classe moyenne canadienne. Nous en avons perdu 400 000 depuis la crise économique mondiale de 2008, et la purge se poursuit. En fait, cette semaine, alors que nous débattions du budget, la nouvelle est tombée que Bombardier allait supprimer 1 750 autres emplois. Parallèlement, des emplois moins bien rémunérés se créent, mais ceux-ci offrent peu ou pas d’avantages et de pensions et ne remplacent en aucun cas les emplois stables perdus. Or, le gouvernement n’a pas de plan pour nous sortir de ce cycle.
En fait, s’il a un plan. Un plan pour l’assurance-emploi. Ce qu’il envisage de faire, c’est de taxer ceux qui travaillent toujours en haussant plus que nécessaire leurs cotisations afin qu’ils contribuent à l’équilibre budgétaire et aux crédits d’impôt ultraciblés. Autrement dit, les employeurs et les employés du Canada subventionneront les riches qui sont à peu près les seuls en mesure de tirer pleinement avantage du nouveau mécanisme de fractionnement du revenu prévu dans le budget.
Il convient de noter que les conservateurs ont appris ce truc des libéraux qui équilibraient les budgets en faisant main basse sur l’assurance-emploi et les pensions de la fonction publique. Or, ce n’est pas parce qu’un autre parti le faisait qu’il est acceptable de le faire. Quel que soit l’angle sous lequel on examine la question, la hausse des cotisations à l’assurance-emploi, qui sert à payer autre chose que l’assurance‑emploi, équivaut ni plus ni moins à une taxe sur l’emploi qu’on impose à ceux qui en occupent un et à ceux qui en génèrent. Voilà qui porte un dur coup à l’histoire sur les impôts bas qu’aiment raconter les conservateurs pour endormir les Canadiens.
Ce qui est bien plus préoccupant, c’est le problème apparemment permanent du chômage et du sous‑emploi chez les jeunes. Dans le Nord de l’Ontario, nous assistons depuis des décennies au départ de nos enfants en quête d’un emploi convenable. Or, désormais, rien ne garantit qu’ils en trouveront un en ville. Les emplois sont devenus des emplois à temps partiel, temporaires et peu rémunérés. Voilà qui montre les priorités du gouvernement, et les jeunes n’en ont jamais vraiment fait partie. Si nous n’agissons pas pour régler les problèmes liés à l’emploi qui affligent les jeunes, nous risquons d’en faire des problèmes permanents. Le gouvernement ne se vante pas de son bilan à ce chapitre. Il se contente d’un budget qui sera équilibré le temps qu’il faudra pour tenir des élections.