Rôle de combat ou d’inaction : un faux choix
Avec des enfants iraquiens qui meurent de froid dans des camps de réfugiés turcs, le Canada doit se demander si le fait de s’engager dans une action militaire qui inspire les militants et qui contribue à l’instabilité régionale est la voie à suivre. Je ne doute pas de notre capacité de faire le travail ou du nombre de personnes qui appuient nos troupes, mais il reste à déterminer s’il est sage de lutter contre le groupe armé État islamique.
Autrement dit, en dépit de ce que dit le premier ministre, le choix n’est pas tout noir ou tout blanc, comme celui entre un rôle de combat et l’inaction. C’est un faux choix. Il y a bien d’autres facteurs liés à la décision que ceux que les conservateurs utilisent comme justification pour ce qui équivaut à un changement d’orientation de la mission. Sans objectif ni stratégie de retrait bien définis, les Canadiens sont en droit de se demander si nous adoptons la même conduite que celle qui a transformé l’Afghanistan en la plus longue mission militaire du Canada.
Cette mission ne jouit pas de l’approbation de l’OTAN ou de l’ONU. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté trois résolutions concernant l’Iraq. Cependant, aucune n’autorise une mission militaire. Le Conseil demande de l’aide pour empêcher le déplacement des combattants étrangers et le financement des organisations terroristes, dont le groupe armé État islamique. Il ne demande pas aux pays de travailler avec le régime syrien brutal de Bashar al-Assad, un dictateur et criminel de guerre. Pourtant, c’est exactement ce que Stephen Harper laisse entendre que le Canada devrait faire.
Le premier ministre nous annonce que nous aurions à demander la permission de ce régime, qui utilise des armes chimiques contre des civils et autorise les tireurs d’élite à tirer sur des femmes et des enfants, et, en fait, a déjà collaboré avec le groupe armé État islamique. Cette déclaration nous rappelle la manière dont Saddam Hussein a été traité à l’échelle internationale pendant trop longtemps.
Il est évident qu’il ne faut pas avoir une réaction émotive si nous voulons aider à promouvoir des changements réels dans une région devenue entièrement instable après des années d’interventions militaires. Les Américains sont encore embourbés en Iraq, et nous devons tenir compte du coût incroyablement élevé de cette mission, dont on ne voit pas la fin. Les gens ont désespérément besoin d’aide humanitaire, ce que nous sommes plus que capables de fournir. Notre allié de l’OTAN, la Turquie, s’occupe des 1,5 million de personnes qui y ont trouvé refuge. Cela n’est peut-être pas aussi attrayant que de pourchasser de façon disproportionnée les bourreaux du groupe armé État islamique, mais cela serait peut-être plus positif et efficace.