Réponse du gouvernement concernant les femmes autochtones disparues ou assassinées est une honte dit Hughes
À la fin du mois dernier, la découverte du corps de Tina Fontaine dans une rivière de Winnipeg a relancé un vif débat sur la réponse du Canada au nombre aberrant de femmes autochtones disparues ou assassinées au cours des trois dernières décennies. Ce dossier illustre à quel point Stephen Harper peut être dans le champ quand un sujet ne retient pas son attention. Plutôt que de se rallier au nombre croissant de Canadiens qui jugent le moment venu pour le gouvernement fédéral de prendre l’initiative dans ce dossier, le premier ministre balaie du revers de la main la possibilité de tenir une enquête sur le phénomène, chaque fois que des voix s’élèvent pour en réclamer une.
Aux yeux du premier ministre, il s’agit manifestement de crimes violents et non d’un phénomène de société qui mérite qu’on s’y attarde. L’ennui c’est que les faits ne soutiennent pas cette analyse. En effet, selon un rapport de la GRC rendu public en mai, près de 1200 femmes et jeunes filles autochtones ont été tuées ou portées disparues entre 1980 et 2012. Le rapport a également révélé que les femmes de ce segment de la population ont cinq fois plus de chances d’être assassinées que les femmes non autochtones. Même si l’on s’en tient au strict plan criminel, ces chiffres attestent l’existence d’un problème spécifique qui appelle une attention particulière.
Eric Robinson, ministre des Affaires autochtones du Manitoba, est plus direct que la plupart des politiciens dans son appréciation de l’opinion du premier ministre à ce sujet. Il estime que les Indiens sont tenus pour quantité négligeable, à bien des égards. La déclaration est frappante venant de cet éminent homme politique. D’autres ont émis l’hypothèse que la situation serait différente si les victimes étaient des femmes non autochtones – une position que d’aucuns jugent cynique.
En dépit de la persistance du phénomène et des appels pressants en faveur d’une enquête, Harper et ses conservateurs résistent avec acharnement en prétextant que la question a été assez étudiée. Cette position ne tient pas compte du fait que nombre des études en question sont plus ou moins liées au sujet, alors que d’autres, dont celles menées par des comités parlementaires (surtout depuis le début du mandat majoritaire des conservateurs), sont biaisées et conçues avant tout pour faire bien paraître le gouvernement.
Thomas Mulcair dit que ça suffit et promet qu’un gouvernement NPD mettrait sur pied une enquête concernant les femmes autochtones disparues ou assassinées. C’est une position que j’appuie de tout cœur. Il y a quelques semaines passées, j’ai participé à la manifestation silencieuse pour Sonia Cywink de la Première Nation Whitefish River où j’ai écouté des histoires au sujet de d’autres femmes autochtones de la circonscription qui ont été assassinées. Tout pour dire que notre circonscription est aussi touchée par ce phénomène.
De toute évidence, le temps est venu pour le Canada d’agir afin que les prochaines générations de femmes autochtones échappent à ce destin. Le premier ministre ne veut pas entendre parler de la forte corrélation entre le problème et d’autres difficultés de longue date telles que la pauvreté systémique ou l’inégalité des services éducatifs que reçoivent les enfants dans les écoles des Premières Nations. Or, sans une étude exhaustive et approfondie des raisons pour lesquelles les crimes violents frappent ce groupe à un taux hors de toute proportion au Canada, nous nous retrouverons avec un héritage d’inaction caractérisé par le manque d’intérêt. Ce n’est pas un tel Canada que beaucoup de gens souhaiteraient.