Le moment est mal choisi pour un « budget immobiliste » dit Deputée Carol Hughes
Mardi, alors que le ministre des Finances progressait dans son discours sur le budget, il devenait évident que les nouvelles anticipées que nous avions reçues étaient vraies et que nous recevions un budget immobiliste. Je me suis demandé si on vivait dans le même pays puisque l’expérience que j’ai du Canada dans mes fonctions de députée est définie par la nécessité, tandis que celle du ministre semble être définie par la volonté de rétablir un excédent budgétaire pour les conservateurs en vue de pouvoir faire campagne aux élections de 2015.
À certains égards, ce budget est un budget « immobiliste ». Cependant, ce sont des mots qui permettent aux conservateurs de se tirer d’affaire. Cela ne tient pas compte des choix blasés qu’a pu faire le ministre des Finances dans sa quête singulière d’un excédent budgétaire.
Tout d’abord, d’après les annonces faites dans le budget, le gouvernement admet que le Canada se remettra de la dernière récession sans toutefois créer d’emplois. Les emplois que nous avons ajoutés sont surtout peu rémunérateurs et à temps partiel, et ne sauraient remplacer les centaines de milliers d’emplois payants à plein temps que nous avons perdus. En plus, on a supprimé le crédit d’impôt à l’embauche pour les petites entreprises, qui avait contribué à créer des emplois.
Le budget se désintéressait du sort des aînés qui sont forcés de travailler seulement pour voir leur Supplément de revenu garanti réduit s’ils gagnent plus de 3 500 $. J’ai bien sûr entendu parler de cette ponction fiscale cruelle aux quatre coins d’Algoma—Manitoulin—Kapuskasing. Néanmoins, cette année, le ministre des Finances a fait fi des aînés qui vivent dans la pauvreté.
Les Premières Nations étaient mentionnées dans le budget. Toutefois, si ce n’est qu’on leur a fourni moins d’argent que ce qui est nécessaire pour le Plan d’action pour l’approvisionnement en eau potable et le traitement des eaux usées et la Stratégie de la justice applicable aux Autochtones, tout le reste visait l’année 2015 et les années suivantes. Cela n’a aucune retombée sur les écoles des Premières Nations qui souffrent cette année d’un sous-financement chronique, ce qui est honteux.
Les consommateurs qui cherchent dans le budget une mesure permettant de contrer les taux d’intérêt abusifs sur leurs cartes de crédit et les frais de guichet automatique ou de venir à bout de l’endettement des ménages ont été exclus. L’essence, qui coûte toujours plus cher dans le nord de l’Ontario, a bien mérité une mention, mais l’accent sera mis sur la disparité transfrontalière, et non sur les abus dont sont victimes les consommateurs du Nord ou des régions éloignées. Le gouvernement a affirmé de nouveau sa volonté de faire quelque chose au sujet des frais qu’on facture aux consommateurs. Cependant, si cette volonté correspond à ses actes à l’égard des prêteurs sur salaire prédateurs, il se contentera de lancer une campagne de sensibilisation, ce qui revient à accorder des montants plus importants pour de la publicité, mais sans agir.
Le secteur forestier, qui est si important pour notre économie régionale, n’a reçu qu’une fraction de ce qu’il demandait pour appuyer le programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière. Rappelons-nous que nous avons perdu 30 000 emplois dans le secteur forestier en Ontario seulement depuis que les conservateurs sont au pouvoir. Si nous comparons cela à l’appui enthousiaste du gouvernement au lucratif secteur pétrolier et gazier, accompagné d’allégements fiscaux et de subventions, il est clair que la foresterie n’est pas pour lui une priorité.
La priorité pour le gouvernement est de créer un excédent. Cela ne consiste pas à créer un budget équilibré, mais revient à amasser de l’argent. L’année prochaine, le gouvernement va utiliser cet argent pour déposer un budget préélectoral de bonnes nouvelles payé par les Canadiens sans emploi et sous-employés, les aînés qui ont du mal à joindre les deux bouts, les étudiants autochtones, et les familles à court d’argent, que le budget a tous essentiellement snobés. Après tout, ce budget n’est pas immobiliste, mais est plutôt ce que j’appellerais un budget ayant un mobile.