“Tour de passe-passe budgétaire ou mauvaise planification?” demande la Députée Carol Hughes
Tour de passe-passe budgétaire ou mauvaise planification : une somme de 10 milliards de dollars n’a pas été comptabilisée
J’ai rencontré cette semaine avec des représentants de la Société canadienne de la SLA (sclérose latérale amyotrophique) préoccupés par l’impact du budget des conservateurs. Ils cherchent à rétablir le financement qu’ils recevaient jusqu’en 2012 et qui a été coupé par le budget conservateur omnibus de l’an dernier. L’organisme indique que cette situation lui coûte très cher, n’ayant pas les moyens de maintenir en poste le personnel hautement spécialisé qu’exige la recherche sur cette impitoyable maladie. La situation dans laquelle l’organisme se trouve illustre bien ce que donnent les réductions, et les problèmes du genre persisteront, alors que l’on prendra conscience de l’ampleur et de la portée des compressions effectuées sans discernement.
Mais les compressions budgétaires ne sont pas les seules frustrations que les Canadiens auront à vivre. Le gouvernement retient de l’argent, beaucoup d’argent, qui avait par ailleurs été inscrit au budget. Il semble que le gouvernement surestime les budgets des dépenses tout en retenant les fonds alloués aux ministères qui fournissent les services nécessaires aux Canadiens/Canadiennes. Maintenant, le gouvernement demande encore des fonds additionnels (5,4 milliards de dollars), sans donner aucun détail sur les 10 milliards de dollars qu’il a approuvés, mais qu’il n’a pas dépensés, au cours des 3 dernières années.
Le directeur parlementaire du budget se demande si les nouveaux fonds sont nécessaires compte tenu de ceux qui n’ont pas encore été dépensés. Le gouvernement demande qu’on le croie sur parole, ce qui, en plus d’être difficile à faire, est contraire au principe de transparence qui doit régir la tenue des comptes publiques. Le gouvernement devrait comprendre qu’il serait plus simple de lui faire confiance s’il expliquait pourquoi il n’a pas dépensé des sommes aussi importantes dans les trois derniers budgets. Il est vrai que les ministères réserveront parfois des sommes qu’ils dépenseront au cours de l’exercice suivant, mais habituellement ils dépensent la plupart des crédits dont ils disposent et, s’ils ne le font pas, les fonds restants ne se chiffrent pas en milliards.
Rappelons que tout cela se produit dans un contexte de compressions dans tous les ministères. Toutefois, avec ces grandes quantités qui survolent des trois budgets précédents, on peut spéculer que les départements coupent plus profondément que les 10 pour cent prévu Les Canadiens/Canadiennes commencent à peine à se rendre contre de l’impact: fermeture de bureaux régions pour les anciens combattants et fermeture de comptoirs de Service Canada.
Ce dont nous sommes certains, c’est que depuis les trois dernières années, les données budgétaires que l’on nous présente ne sont pas réalistes. Les paiements de transfert en santé, qui sont gelés, devraient diminuer. Le financement de l’éducation autochtone est gelé depuis près de 20 ans. Des besoins manifestes existent, alors que des fonds sont inutilisés.
On ne vient pas de découvrir quelques dollars dans la poche d’un vieux manteau; la manœuvre semble bien calculée. On pourrait imaginer que le gouvernement se crée une manne pour payer le déficit, ce qui soulève la question suivante : pourquoi se donner la peine d’élaborer tout un stratagème? Si tel est le cas, le parti qui avait promis une transparence nouvelle aura choisi, dans la panoplie de tours de passe‑passe de Paul Martin, une astuce contre laquelle il s’insurgeait quand il était dans l’opposition.