Carol en Comtemplation “Santé publique ne devrait être une considération secondaire”
La santé publique ne devrait pas être une considération secondaire pour le
s responsables de la réglementation
Il est plutôt facile de voir les sociétés pharmaceutiques comme étant à la fois bonnes et mauvaises. Les malades qui sont guéris ou dont les symptômes sont soulagés grâce aux spécialités pharmaceutiques jugent que ces entreprises accomplissent un travail efficace et important. Par contre, les personnes à qui ces produits causent des effets secondaires ou indésirables ou procurent peu de soulagement, voire aucun, peuvent trouver que les sociétés pharmaceutiques se préoccupent peu de la santé des gens. Il est donc important d’avoir des organismes de réglementation qui servent de tampon et veillent notamment à ce que les futurs médicaments soient sans danger pour la consommation humaine.
Ce n’est là qu’une infime partie du rôle que jouent ces gardiens dans les rapports entre les sociétés pharmaceutiques et les consommateurs. Au Canada, Santé Canada s’acquitte de ce rôle; la Food and Drug Administration (FDA) en est le pendant américain.
La plainte la plus fréquente formulée à l’endroit de Santé Canada concerne les longs délais que prend le ministère avant d’approuver des médicaments auxquels la FDA a donné le feu vert. On n’entend toutefois pas souvent parler du temps qu’il prend avant de donner suite aux travaux de la FDA en retirant du marché des médicaments sur ordonnance.
C’est pourtant exactement ce qui se produit dans le cas de certains médicaments de la société pharmaceutique Ranbaxy, qui fait depuis cinq ans l’objet d’une enquête de la FDA pour avoir vendu des médicaments ayant fait l’objet de faux tests et d’autres médicament pleins d’impuretés ou qui se dégradent trop rapidement, pour avoir menti à répétition et fait de fausses déclarations, et pour avoir tenté de berner les inspecteurs. Il y a trois mois, Ranbaxy a admis que les allégations de fraude la concernant étaient vraies. Elle s’est fait imposer un demi-milliard de dollars d’amendes et elle a perdu l’accès aux États-Unis pour 30 de ses produits, mais elle peut continuer de mener ses activités comme d’habitude au Canada.
Les Canadiens peuvent se demander si Santé Canada est simplement lent à réagir ou s’il n’y a pas d’autres facteurs à prendre en considération. Compte tenu de la façon dont le gouvernement actuel s’y est pris pour affaiblir la réglementation et les mesures de protection de l’environnement afin de laisser la voie libre aux projets d’exploitation des ressources, il n’est pas difficile de douter de son engagement à l’égard de la santé d’une personne si cela va à l’encontre des intérêts d’une société pharmaceutique multinationale.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le gouvernement Harper a prouvé que l’intérêt public passera après les intérêts commerciaux tant qu’il sera au pouvoir. Voilà qui pourrait expliquer pourquoi les responsables de Santé Canada ont déclaré que même si la falsification de données est une infraction grave en vertu du droit canadien, ils n’ont rien trouvé en matière de santé et de sécurité pour être en droit d’interdire l’importation des médicaments de Ranbaxy.
Le processus visant à assurer l’innocuité des médicaments produits à l’étranger dépasse-t-il la compétence de Santé Canada? Des spécialistes laissent entendre que les problèmes découlent de la nécessité de faire les choses à la va-vite et du fait que de nombreux médicaments sont produits loin d’ici, ce qui rend difficile l’inspection des usines de production. Quelles qu’en soient les raisons, il est inquiétant de penser que Santé Canada n’a peut-être pas pour objectif principal le bien-être des Canadiens et que sa responsabilité première pourrait être le bien-être des sociétés pharmaceutiques.