“Bidouiller une définition ne produit pas plus d’aliments locaux” dit la Députée Fédérale Carol Hughes
De plus en plus de personnes souhaitent manger des aliments produits localement. Que leur motivation soit politique, ou simplement fondée sur leur désir d’appuyer les producteurs locaux et de manger des aliments frais, la consommation d’aliments locaux connaît un succès croissant.
Récemment, l’Abattoir communautaire de l’île Manitoulin Inc. (ACIM) a célébré son ouverture, qui aura des retombées positives pour tous ceux qui désirent acheter des produits locaux. Cette inauguration, qui couronne six années de ferme détermination et d’efforts acharnés, est tout à l’avantage des agriculteurs qui seront désormais en mesure de transformer les bœufs de l’île Manitoulin sans avoir à les envoyer à un abattoir hors de l’île. Les boucheries et leurs clients pourront également bénéficier d’un bœuf produit localement.
Dans notre circonscription, l’ACIM n’est pas seule. Miky’s Smokehouse (Hearst), The Burt Farm (Gore Bay) et Amos Weber (Massey) sont tous de parfaits exemples de production d’aliments locaux qui permet de répondre à la demande tout en réduisant les coûts de transport. La nouvelle politique sur les aliments locaux de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) traite quant à elle de la question d’une façon qui n’est pas vraiment honnête. Elle donne en effet du terme « local » une nouvelle définition qui, aux fins d’étiquetage, étire et déforme tellement le sens de ce terme que les consommateurs pourraient en être amenés à croire acheter un aliment produit à côté de chez eux, alors que celui-ci n’est même pas originaire de leur province.
La définition précédemment en vigueur qualifiait de « local » tout aliment produit dans un rayon de 50 kilomètres autour du lieu d’achat. La nouvelle définition s’applique à tout aliment produit dans la province ou dans un rayon de 50 kilomètres au-delà des frontières de la province. Compte tenu de la taille de l’Ontario, auquel il faut rajouter une bande de 50 kilomètres au Manitoba et au Québec, vous comprendrez sans difficulté que la notion d’aliment « local » a été extrêmement diluée.
Cette définition totalement remaniée est synonyme de complications pour tous ceux qui désirent manger des aliments véritablement locaux. Il est clair que l’ACIA ne collabore pas avec le public et les producteurs d’aliments canadiens à garantir que nous puissions savoir d’où proviennent nos aliments. Elle essaye au contraire de les induire en erreur.
Il est important de souligner qu’une véritable sécurité alimentaire requiert une volonté clairement affichée de rendre les aliments locaux plus accessibles. La modification de l’étiquetage semble aller en ce sens, mais, dans les faits, trahit l’esprit même du projet. Plutôt que de réduire les distances de transport des aliments, ou d’encourager la production d’aliments locaux, le gouvernement s’est contenté de changer les règles du jeu.
Une approche plus intelligente, et plus honnête, de l’étiquetage aurait consisté à donner aux Canadiens les moyens de faire un choix informé et de mettre à l’honneur ce que le Canada a à leur offrir.