Carol Hughes parle de la culture du « tout m’est dû »
Même les amis bien nantis ne parviennent pas à faire disparaître la culture du « tout m’est dû ».
« Nous devons éliminer la corruption et démolir le mur du silence qui lui permet de s’implanter. Il faut absolument remplacer la culture du “tout m’est dû” par la culture de la responsabilité. » Voilà ce que déclarait Stephen Harper un an avant de devenir premier ministre. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis qu’il a énoncé ces nobles objectifs si l’on se fie à ses gestes plutôt qu’à ses paroles. La saga Mike Duffy le confirme.
Monsieur Duffy, l’ancien journaliste de la télévision nommé à la Chambre haute en 2008, a réclamé des frais de subsistance pour un chalet qu’il utilise rarement sur l’Île‑du‑Prince-Édouard, province qu’il représente au Sénat. Il n’est pas le seul à l’avoir fait. Quelques sénateurs, y compris l’ancien député libéral Mac Harb, ont également été accusés de réclamer des remboursements pour des résidences qui n’existent pas ou qu’ils utilisent rarement.
Mike Duffy ne parvient pas à se sortir du trou depuis que cette histoire a fait la une des journaux. Plus récemment, on a découvert comment il a remboursé les frais de subsistance qu’ils avaient injustement réclamés. Malgré un salaire très élevé, il a prétendu qu’il ne pouvait payer de sa poche. Mike Duffy a alors fait appel au chef de cabinet du premier ministre, Nigel Wright, qui lui a remis un chèque de 90 000 $ tirés sur son compte personnel. Toutefois, ce remboursement n’excuse en rien la culture du « tout m’est dû » qui est à l’origine de la demande de remboursement. On constate maintenant que le comportement du sénateur est une source d’embarras pour un parti qui se voulait être le champion de la transparence et de la responsabilité.
Le sénateur Duffy tente d’étouffer l’affaire au moyen d’un chèque, mais d’autres sénateurs, notamment Mac Harb et le controversé Patrick Brazeau, refusent tout bonnement de rembourser leurs frais de subsistance. En fait, il ne s’agit pas de savoir si ces sénateurs devraient rembourser l’argent qu’ils ont reçu. Il faut plutôt se demander s’ils auraient fait quoi que ce soit s’ils n’avaient pas été surpris la main dans le sac et si le système est si mal en point que nous sommes seulement informés des exemples les pires.
Outre les dépenses douteuses, trop de sénateurs non élus occupent leurs heures avec du travail partisan, c’est-à-dire non parlementaire. Le Sénat est rempli d’anciens membres de la grosse gomme du parti, de collecteurs de fonds et d’employés de campagne à temps complet. Malgré ses promesses d’agir différemment au moment de nommer des sénateurs, Stephen Harper s’est finalement contenté d’imiter ses prédécesseurs. Il est ironique de constater que bon nombre des sénateurs qu’il a lui-même nommés sont ceux qui, aujourd’hui, lui causent des maux de tête.
Toute cette histoire renforce l’idée que le Sénat n’est ni plus ni moins qu’un gigantesque gaspillage de l’argent des contribuables, un puits sans fond. La Chambre haute ajoute rarement quelque chose de positif au travail du Parlement. Cette institution manque de supervision et rend rarement des comptes aux contribuables, à qui elle refile pourtant une facture salée.
Les néo-démocrates ont toujours maintenu que la seule chose à faire consiste à abolir le Sénat. Il est évident que cette institution a pour unique utilité de servir les intérêts deux partis politiques qui estiment être les seuls à pouvoir « diriger » le pays.
Le financement public des partis politiques fédéraux a été aboli, mais le Sénat permet encore de contourner ce problème. Tant que le Sénat existera, l’argent durement gagné par les contribuables servira à assurer une retraite dorée à l’élite politique du Canada.