Carol en Contemplation: Un peu de bifteck avec tout ce grésillement?
Cette semaine, le ministre des Finances a produit une mise à jour sur la situation financière, à l’extérieur du Parlement, évitant ainsi de se soumettre au contrôle des élus pour qu’ils examinent son travail d’une façon appropriée. Parmi les sujets qui intéressent tous les Canadiens, notons un changement de discours : le Canada ne se vante plus d’avoir la meilleure économie du G7.
Dans sa mise à jour, le ministre a aussi déclaré que le déficit ne sera pas maîtrisé d’ici à 2015‑2016, comme il l’avait affirmé. Les surplus escomptés se sont maintenant mués en une prévision de déficit. Le surplus de 7,8 milliards de dollars qui nous avait été annoncé pour le prochain exercice a fondu à 1,7 milliard.
La mise à jour montre également comment le Canada compte davantage sur l’impôt sur le revenu à mesure que régresse l’impôt des sociétés. Toutefois, bizarrement, le ministre des Finances affirmait que l’impôt des sociétés avait augmenté lors de ses multiples passages dans les émissions d’affaires politiques. Il déclare que les néo-démocrates doivent revoir leurs calculs, quand, en fait, c’est lui qui devrait vérifier les tableaux de Comptes publics Canada. Ce faisant, il verra sa signature au bas des tableaux prouvant que ses affirmations ne correspondent pas aux véritables bilans.
Si l’on regarde les tableaux de 2005-2006, lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir, on remarque que l’impôt des sociétés se chiffrait à 31 724 milliards de dollars de recettes fiscales. Au cours des quatre dernières années, nous n’avons pas dépassé ce chiffre; pour 2012, nous accusons un retard de 22 millions de dollars.
Cela dit, c’est l’impôt sur le revenu qui présente les chiffres les plus accablants. À ce chapitre, le Canada perçoit aujourd’hui 15 milliards de dollars de plus qu’au moment de l’arrivée au pouvoir des conservateurs. Malgré cela, le Canada a jeté des centaines de milliers d’emplois bien rémunérés dans le secteur manufacturier, et il est devenu de plus en plus dépendant des emplois du domaine de l’extraction des ressources, sans toutefois avoir de stratégie pour favoriser la dimension de la valeur ajoutée de ces ressources.
Même avec les recettes extraordinaires tirées de l’impôt sur le revenu, les conservateurs ont surestimé de dizaines de milliards de dollars les revenus fédéraux dans leur budget de 2012.
On remarque une tendance de la part des conservateurs : celle de voir l’économie à travers des lunettes roses et non comme des analystes impartiaux. Malgré le fait qu’ils ratent leurs propres objectifs de réduction du déficit, malgré les rapports de plus en plus nombreux à pointer vers un ralentissement de la croissance, malgré les mises en garde sérieuses du FMI, et malgré un taux de chômage au-dessus de la barre des 10 % dans bien des régions, les conservateurs ne tiennent pas compte des avertissements, y compris ceux découlant des effets désastreux des mesures d’austérité.
Lorsque nous nous dirigions vers une récession économique, en 2008, les conservateurs ont été obligés de remédier au problème à l’aide d’un programme de relance. Cette semaine, la Fédération canadienne des municipalités (FCM) a offert une solution clé en main en signalant que la facture des infrastructures essentielles ne cessait d’augmenter et ne ferait que s’alourdir si rien n’est fait. La FCM propose un plan d’action national sur 20 ans assorti d’un financement prévisible pour entretenir et développer les infrastructures. Une telle mesure se traduirait par la création d’emplois qui contribueraient à augmenter les recettes tirées de l’impôt sur le revenu tout en veillant à ce que les villes puissent soutenir la population sans courir de risques inutiles.
Tout le monde sait que la conjoncture économique mondiale est incertaine. L’Europe est en crise et les États-Unis se dirigent tout droit vers une épreuve de force concernant leur dette, mais les conservateurs, eux, n’ont aucun plan pour protéger les emplois au Canada. Cette situation survient au moment où le FMI prédit un ralentissement économique plus important au Canada qu’aux États-Unis. En se servant de la mise à jour économique de l’automne comme exercice de relations publiques pour un budget qui ne livre pas la marchandise, les conservateurs montrent qu’ils essaient de vendre le grésillement, pas le bifteck.