Ce que le gouvernement conservateur ne veut pas que vous sachiez
Dans ses promesses électorales de 2008, Stephen Harper a pris des engagements au sujet du pétrole brut tiré des sables bitumineux du Canada : il a promis que le pétrole ne serait pas exporté à l’état brut pour être enrichi et raffiné ailleurs (abstraction faite des contrats déjà signés avec les États-Unis) et que nous ne ferions pas affaire avec des pays ayant des normes environnementales inférieures aux nôtres. Or, la semaine dernière, à la tête d’une mission commerciale en Chine, Stephen Harper s’est employé à enterrer toutes ces promesses.
Bien des Canadiens seront étonnés d’apprendre que parmi les entreprises qui souhaitent participer au développement des sables bitumineux, il s’en trouve qui sont des paravents du Parti communiste chinois. Ces « sociétés » ont pour mandat d’obtenir des matières premières et de les ramener en Chine pour transformation et ajout de valeur, afin que les avantages économiques restent en Chine. À cette fin, on constate que parmi les quatre sociétés qui appuient le projet d’oléoduc Northern Gateway d’Enbridge, actuellement soumis à l’Office national de l’énergie, deux sont des sociétés chinoises. Deux sociétés sur les dix qui ont versé dix millions de dollars chacune pour occuper une place dans la queue qui est en train de se former pour obtenir du bitume brut sorti du Canada avec un minimum d’avantages économiques pour notre pays.
Tout cela de la part d’un gouvernement qui pleurniche et prétend que les écologistes sont des marionnettes téléguidées par des radicaux étrangers du seul fait que certains de leurs donateurs viennent des États-Unis. Plus ce gouvernement beugle que ses adversaires sont au service d’intérêts étrangers, plus il devient apparent qu’en fait, c’est lui qui agit ainsi.
C’est d’autant plus insultant que ce gouvernement fait des pieds et des mains pour offrir à la Chine des contrats alléchants, mais ne fait rien pour améliorer la politique énergétique du Canada – refusant même d’engager une conversation sur l’énergie qui ne soit pas de tout brader sans obtenir un seul emploi dérivé pour le Canada. D’ailleurs, l’entente que le Canada a conclue avec les sociétés chinoises du secteur de l’énergie garantit en toutes lettres que le Canada ne cherchera pas à enrichir ou à raffiner son propre bitume. Non seulement myope, mais les menottes au poing par dessus le marché!
Dans une conférence donnée il y a quelques années dans le cadre des Massey Lectures, Gwyn Dyer, analyste des questions militaires, expliquait que le bitume canadien convient mieux à la fabrication du diesel et que sa transformation en « essence douce » coûte très cher. Le prix du diesel a augmenté de près de 35 cents le litre au cours des trois dernières années en raison principalement du manque d’installations pour son raffinage. Cette situation se répercute sur le prix de toutes les marchandises livrées par camion au Canada, et notamment l’épicerie – ces denrées de première nécessité dont les prix grimpent au même rythme que celui du diesel.
On se souviendra que les Conservateurs ont remporté l’élection de 2008 en promettant de se « tenir debout » et de défendre les intérêts du Canada. Belle promesse en l’air que celle-là! Comme on peut le voir, la seule chose qu’ils défendent, ce sont les bénéfices des grandes entreprises, qu’ils bonifient en puisant à pleines mains dans les poches du Canadien moyen. Ils s’enveloppent dans le drapeau et les chandails de hockey et espèrent que personne ne remarquera ce qu’ils font vraiment. Voilà pourquoi il faut aller au-delà de leurs belles paroles et des campagnes de salissage qu’ils lancent contre ceux qui osent les critiquer, et les obliger – sur pièces – à rendre des comptes de leurs actions réelles. Ça ne fera certainement pas leur affaire.