Carol en Contemplation – “L’avenir des soins de la santé mis en péril par l’inaction du premier ministre”
L’avenir des soins de la santé mis en péril par l’inaction du premier ministre
Le régime d’assurance-maladie constitue l’un des traits fondamentaux de l’identité canadienne. Le système de soins de santé subventionné par l’État est un important facteur de nivellement dans notre société, particulièrement lorsqu’on la compare au système majoritairement privé en vigueur aux États-Unis. La protection du système public de santé est toujours aux premiers rangs, sinon au tout premier rang, des préoccupations des Canadiens. Voilà qui rend d’autant plus étonnante l’absence de Stephen Harper de la réunion des premiers ministres provinciaux à ce sujet, la semaine dernière à Victoria.
On doit se demander pourquoi le premier ministre affiche une telle indifférence envers ce sujet. Il est vrai que ce sont les provinces qui fournissent et subventionnent en grande partie les soins de santé, mais ce sont les transferts fédéraux qui créent le lien commun. En affirmant qu’il ne veut plus intervenir dans la détermination du mode de prestation des soins ou dans la forme qu’elle prendra, le premier ministre a restreint le rôle du gouvernement à celui de simplement réduire le montant des chèques. Il manifeste ainsi que son gouvernement ne veut nullement discuter de la façon d’améliorer le système d’assurance-maladie.
Non content de contribuer moins que jamais pour les soins de santé, le gouvernement ne respecte pas les engagements qu’il a pris. On se souvient peut-être des promesses de donner suite à une entente fédérale-provinciale d’économiser des milliards de dollars grâce à une stratégie nationale sur les médicaments. Bien peu d’outils ont suivi. Entre-temps, le Comité consultatif sur la gouvernance et la responsabilité, censé aider les gouvernements à rendre des comptes à la population, a même cessé d’exister. Si les conservateurs désirent le succès du régime d’assurance-maladie, ils nous le démontrent de bien étrange manière.
Le Canada a dépensé plus de 160 milliards de dollars en soins de santé depuis les accords de 2203-2004. Malgré cette contribution importante, nous n’avons constaté que peu d’amélioration, voire aucune, dans bon nombre des réformes promises à l’époque.
On pourrait rapidement conclure que les conservateurs seraient enchantés de laisser le régime d’assurance-maladie courir à sa perte et de voir le système privé le remplacer. Ils ne font rien pour nous en dissuader. Pour un gouvernement qui essaie de couper le superflu, il ne démontre aucun intérêt à assumer le leadership quand vient le temps d’éviter que la bureaucratie ne gaspille pas à répétition les contributions versées par les contribuables à partir de leur argent durement gagné. En matière de médicaments, aucune mesure non plus qui aurait pu faire économiser énormément d’argent à chaque province. Voilà pourtant des idées séduisantes pour un gouvernement axé sur le serrage de ceinture. Le fait que ce ne le soit pas indique qu’au bureau du premier ministre, la préoccupation envers l’avenir du système d’assurance-maladie est au plus bas.
Les Canadiens veulent et méritent un régime de santé à payeur unique qui soit proactif en matière d’utilisation avisée des ressources et qui offre la meilleure valeur pour notre investissement. On peut débattre à savoir si c’est bien ce qu’on obtient actuellement ou non, mais avec son auto-exclusion du processus, le gouvernement fédéral réduit grandement les moyens d’assurer une surveillance adéquate à cet effet.
Stephen Harper devrait défendre tout le Canada, c’est ça le job de premier ministre. Mais non, il préfère s’absenter d’une réunion importante et simplement mettre un chèque à la poste. Nous méritons tous mieux que ça.