Politique : un peu de civilité et de respect, s’il vous plaît
Députée d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing Mme. Carol Hughes
On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, dit le proverbe. Autrement dit, on gagne toujours à faire preuve de civilité, en politique comme ailleurs.
À la rentrée parlementaire, à la suite de la dernière élection, les gens se sont demandé si les néo-démocrates parviendraient à faire respecter le décorum, comme l’avait promis Jack Layton. Des observateurs ont affirmé que la politique était un sport beaucoup trop sanglant où la civilité n’avait aucune chance de marquer des points. Pourtant, à la première séance de la 41e législature, nous avons joué notre rôle d’opposition dans un registre beaucoup plus respectueux qui ne ressemblait guère à ce qu’on avait pu observer dans les quelques législatures précédentes.
Ce qui motive notre attitude, c’est le désir d’afficher un respect qui transcende les lignes de partis ou les divergences idéologiques. Un respect non seulement pour l’institution, mais aussi pour les personnes. Voilà qui peut certes ouvrir la voie à une politique plus harmonieuse.
Entendons-nous : il ne s’agit pas de museler notre passion pour les idées qui ont fait l’objet de notre campagne électorale. Il s’agit plutôt de défendre ces idées de façon plus réfléchie et plus créative sans pour autant recourir aux attaques personnelles.
En fin de compte, je parle d’une petite chose qui peut faire une grosse différence. Je parle de la différence entre « excusez-moi » et « ôtez-vous de mon chemin ». Je parle de la leçon que nous avons apprise quand nous étions enfants et que nous semblons avoir oubliée dans le feu du débat. Je parle de la « règle d’or ».
Certaines personnes associent à tort décorum et faiblesse. Or rien n’est plus faux. Une fois qu’un débat respectueux est lancé, les orateurs doivent s’en remettre à la seule force de leurs idées et de leurs arguments pour convaincre leurs adversaires. Dans un débat, il est plus difficile de faire valoir ses propres convictions que de discréditer son vis-à-vis.
Mais soyons réalistes : le Parlement sera toujours le théâtre de débats houleux. Heureusement d’ailleurs. La personnalité des uns et des autres continuera de transparaître dans nos délibérations et la période des questions, comme nous l’avons vu à la séance qui s’est terminée à la fin juin.
Souvenez-vous : malgré notre âpre dispute sur la loi de retour au travail, le ton des débats à la Chambre était bien meilleur que celui de la législature précédente. Il n’était pas parfait – et on ne peut s’attendre à ce qu’il le soit –, mais tout le monde y a mis du sien et cela a favorisé la fluidité des échanges.
Continuons à changer la culture du Parlement et à intéresser davantage de Canadiennes et Canadiens à nos débats de portée nationale. Ainsi, nous parviendrons à accroître leur participation et à nous débarrasser d’un trait de la politique canadienne qu’ils sont si nombreux à trouver rebutant.
