Carol en Contemplation
Pendant que les taux de chômage et d’inflation montent en flèche, le gouvernement se préoccupe des crimes non signalés.
Le prix de l’essence a bondi de 23 % depuis le mois d’août de l’année dernière. Je sais que ce problème préoccupe presque tout le monde. Cette hausse en grande partie est responsable de l’inflation dans notre pays et elle vient renverser la tendance à la baisse qui s’amorçait en mai dernier. Avec un taux de chômage qui continue de grimper et à une tendance à la baisse de la consommation, force est de conclure que la situation économique n’est pas rose.
Même le FMI y a mis son grain de sel en prévoyant des temps difficiles pour l’économie canadienne et une augmentation du nombre de chômeurs. Comme il fallait s’y attendre, les marchés internationaux ont réagi à cette nouvelle.
Étant donné la gravité des statistiques et des projections, on s’attendrait à ce que les Conservateurs cherchent rapidement à endiguer le raz-de-marée, mais ce n’est pas le cas. La priorité immédiate de votre gouvernement fédéral est la criminalité non signalée. Les Conservateurs viennent donc de déposer un projet de loi omnibus sur la criminalité qui coûtera des milliards de dollars aux Canadiens et ils prétendent que c’est pour cette raison qu’ils ont été élus.
Si vous vous rappelez qu’ils ont été élus parce qu’ils se vantaient d’être de bons gestionnaires des finances, vous avez une bonne mémoire. Sans vouloir ignorer les problèmes liés à notre système de justice, il ne faut quand même pas oublier que le taux de criminalité n’a cessé que de baisser depuis 20 ans, tandis que les mauvaises nouvelles économiques ne cessent d’augmenter.
Accroître la présence policière dans nos rues serait un moyen beaucoup plus efficace pour rendre nos collectivités plus sûres. Voilà une promesse que les Conservateurs n’ont pas remplie depuis leur première victoire, en 2006, et ils devraient en être tenus responsables. Durant cette campagne électorale, ils avaient promis d’affecter 2 500 agents de police de plus aux patrouilles. Cinq ans plus tard, ils imposent des peines minimales obligatoires, ce qui ne fera qu’augmenter la population carcérale et transférer le fardeau financier aux provinces. Et le coût sera aussitôt refilé aux contribuables, sous forme de réduction des services ou de hausse d’impôts.
Comme il fallait s’y attendre, les Conservateurs n’ont pas tardé à lancer des injures à tous ceux et celles qui laissent entendre qu’il y a des moyens d’améliorer leur loi. Tous ceux qui ne sont pas d’accord avec ce projet de loi sont traités, faut-il s’en étonner, d’être trop tolérants envers les criminels ou d’être les « amis des contrebandiers humains», pour ne donner que quelques exemples. Là encore, les Conservateurs refusent de débattre du contenu du projet de loi et font immédiatement dévier le débat sur des questions d’intention ou des attaques personnelles.
Tout compte fait, nous devons nous demander quel est le meilleur moyen de lutter contre la criminalité au Canada. Devons nous dépenser des sommes exorbitantes pour incarcérer un nombre de plus en plus élevé de nos citoyens? Devons nous ignorer le déséquilibre de la population carcérale où les personnes atteintes d’une maladie mentale, les toxicomanes et les Autochtones sont surreprésentés? Devons nous prêter attention aux témoignages qui laissent entendre que l’imposition de peines plus sévères ne contribue nullement à améliorer la sécurité publique? Ou devons nous apporter quelques améliorations au texte législatif et nous mettre au travail pour créer des emplois et bâtir des collectivités plus dynamiques et un Canada plus prospère?