Le rôle fondamental du Président dans le décorum parlementaire
Lorsque le Parlement recommencera à siéger la semaine prochaine, après qu’aura été prononcé avec les éclats et les circonstances du discours du Trône, les Canadiens voudront vérifier si les promesses d’un retour à la courtoisie à la Chambre des communes n’étaient que vaines paroles. La première journée où tous les députés étaient rassemblés à la Chambre, le 2 juin, il s’est tenu une séance de bonne conduite parlementaire qui devrait ouvrir la voie à un changement positif.
Un nouveau Parlement doit voir en premier lieu à l’élection d’un nouveau Président. C’est le député qui possède le plus d’ancienneté qui préside à cette élection et tous les députés ont droit de vote. Lors de la 41e édition de cette tradition, c’est le député de 32 ans Andrew Scheer qui a été porté à la présidence. Il endosse ainsi la succession de Peter Milliken, qui a occupé ce poste le plus longtemps de toute l’histoire canadienne. M. Scheer l’a remporté sur sept autres candidats, notamment sur la députée néo-démocrate Denise Savoie qui est restée en lice jusqu’au dernier tour de scrutin, pour devenir, lui, le plus jeune Président de la Chambre de l’histoire canadienne.
Précisons ici que la présidence de la Chambre est une fonction que l’on retrouve dans toute démocratie parlementaire britannique. Comme serviteur de la Chambre, le Président est tenu à l’impartialité dans ses fonctions et ne peut voter qu’en cas d’égalité des voix. Il a comme rôle d’interpréter et de faire respecter les règles de la Chambre des communes ainsi que les droits de chacun des députés. En outre, il est le chef de l’administration de la Chambre des communes et agent de liaison auprès du Sénat et de la Couronne.
Le nouveau Président a déjà promis de ramener l’ordre à la Chambre. Dans son discours, il a parlé du « langage acerbe » qu’il veut dorénavant éliminer des débats. En mettant fin à ce genre d’intervention, il espère amener les députés à manifester plus de respect envers leurs collègues.
Le chef néo-démocrate, Jack Layton, a également à cœur de hausser le décorum à la Chambre. Il a fait remarquer que le chahut était souvent causé par des hommes et de nature sexiste. Il espère que l’Opposition officielle néo-démocrate, comptant un nombre record de femmes dans sa députation, saura faire preuve de retenue dans ses réactions lors des joutes oratoires des débats parlementaires.
Le premier ministre a, quant à lui, indiqué qu’il s’attend à ce que les députés haussent la qualité des débats en bannissant toute querelle partisane. S’il réussit à contenir l’enthousiasme de ses simples députés, il s’agira d’une première pour le premier ministre, qui est perçu dans tous les milieux comme une personne qui ne rate aucune occasion de démontrer une trop grande partisanerie.
C’est le Président qui est chargé d’interpréter ce qui sera accepté ou toléré. L’ambiance de changement générationnel qui se manifeste actuellement permet tous les espoirs de voir notre Parlement se concentrer sur les enjeux et les idées, sans attitude belliqueuse ni partisanerie agressive.