Les consommateurs sont rouges de colère face à la conjecture dit Hughes
La révolution en Afrique fait grimper le prix du pétrole partout au Canada en raison de… en fait, pour aucune raison valable. Les prix à la pompe ont bondi de dix cents en une seule journée la semaine dernière sous l’effet de la spéculation. Une spéculation nourrie par la crainte de voir l’agitation en Lybie interrompre les approvisionnements en pétrole. C’est un chemin à sens unique et une côte de plus en plus abrupte à gravir pour le consommateur, surtout ici, dans le nord de l’Ontario.
Bien sûr, il est possible que les troubles en Lybie provoquent une interruption de l’approvisionnement en pétrole, mais il se peut aussi très bien que ce ne soit pas le cas. C’est le problème de la spéculation : un seul côté de la médaille l’emporte toujours. C’est là l’origine de nos problèmes financiers actuels, et maintenant que les prix de l’énergie montent en flèche, c’est la reprise elle-même qui est en péril.
Pour les consommateurs, le problème ne se limite pas au prix de l’essence à la pompe. Quand le prix de l’énergie monte, tout suit. La nourriture est plus cher, le transport et les voyages coûtent davantage et il en coûte – encore – plus cher pour chauffer sa maison. Pour nombre d’entre nous, encore sous le choc de ce que la TVH vient manger dans notre budget, c’est un peu de sel versé dans nos blessures.
Et ce n’est pas tout. Quand les prix d’articles de toutes sortes montent en raison d’une hausse du prix du pétrole, ils ne baissent pas plus tard – même si le prix du pétrole baisse, lui. Et la Lybie, ne l’oublions pas, n’est qu’un petit producteur de pétrole. La hausse de prix semble donc être une décision prise dans le confort d’une luxueuse salle de conseil : un jeu plutôt qu’une réaction à une menace réelle planant sur les approvisionnements mondiaux en pétrole.
Le choc fiscal que nous continuons de ressentir est le prix de la réduction de 2 % de la TPS. Posons-nous la question : vaut-il mieux payer dix cents de plus sur un article secondaire comme une revue, ou payer 8 % de plus sur l’essence et l’huile de chauffage? Voilà le genre d’attrape que recèlent les transferts de fardeau fiscal. C’est une manœuvre qui a pour but de nous tromper. Et c’est pourquoi les gouvernements font campagne sur des enjeux accessoires au lieu de traiter de questions de fond.
Aujourd’hui, plus que jamais, il faut réduire les taxes sur le chauffage résidentiel. Il est temps de mettre en place un organisme de réglementation à l’échelle nationale pour surveiller les prix du pétrole et du gaz et un ombudsman pour protéger les consommateurs. Il faut soulager le citoyen ordinaire du poids de l’économie mondiale qui repose actuellement sur ses épaules. Toutes les semaines, j’entends parler de gens, de plus en plus nombreux, qui sont au bout du rouleau. Je vois des gens qui font tout pour réduire leur consommation d’huile de chauffage et d’électricité et qui, malgré tout, constatent que la facture est encore au dessus de leurs moyens.
Qu’est-ce qui arrive à notre pays? Nous avons une abondance de richesses naturelles, une main d’œuvre éduquée et motivée et de bonnes infrastructures, et pourtant les marchés mondiaux peuvent nous ballotter comme un petit navire sur une mer en furie. Ce n’est pas normal, ça.
Les gens travaillent plus fort et plus longtemps pour moins de rémunération réelle. Les ménages sont enlisés dans un endettement qui est mis à rude épreuve à chaque nouveau choc économique. Le fait que le 1er janvier, avant la pause café du matin, certains PDG aient fait plus d’argent que la plupart d’entre nous en faisons dans une année complète, est une aberration. Et qu’une telle situation persiste alors que la population se fait arracher son gagne-pain et les économies d’une vie entière de travail, c’est grotesque. Et que le gouvernement non seulement laisse les choses aller, mais ait l’audace de s’en réjouir, dépasse l’entendement.
Les Conservateurs se sont fait élire en disant qu’ils allaient défendre le Canada. Il est de plus en plus clair que ce qu’ils défendent en fait, c’est la grande entreprise du Canada. Ils profitent d’enjeux mineurs pour diviser la population et faire croire qu’ils prennent la part de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, mais quand les cartes sont sur la table : il suffit de regarder sa facture de chauffage ou le prix de l’essence à la pompe pour comprendre ce qui se passe vraiment.