Voilà pour la responsabilité! dit Hughes
Le ministre Christian Paradis occupe les manchettes depuis deux semaines pour toutes sortes de mauvaises raisons. D’après la toute dernière nouvelle, il serait au cœur d’un scandale concernant une activité de financement du Parti conservateur organisée par un entrepreneur québécois dont l’entreprise a obtenu un contrat de 9 millions de dollars pour faire des réparations à l’édifice de l’Ouest, sur la Colline du Parlement. Selon les médias, l’entreprise avait engagé un organisateur du Parti conservateur pour l’aider à remporter le marché. Elle a ensuite organisé une activité de financement pour les conservateurs à laquelle le ministre Paradis était l’invité d’honneur. L’entrepreneur s’est ensuite trouvé incapable de faire le travail demandé, ce qui a forcé une société de cautionnement à se charger du projet.
Avant ce scandale, on exigeait de toutes parts la démission du ministre depuis que la Commissaire à l’information, après avoir fait une enquête sur des allégations, a révélé que le personnel du ministre avait à maintes reprises bloqué la publication de documents que Travaux publics avait été prié de publier en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Au printemps dernier, sommé de comparaître devant le Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique, un membre du personnel de Paradis, a admis s’être ingéré dans le traitement d’une demande d’accès à l’information (DAI), mais a assuré ne l’avoir fait qu’une seule fois. Il semblerait maintenant qu’il l’ait fait à l’égard d’au moins trois autres demandes. Fidèle à sa vieille habitude, le Parti conservateur a jeté l’employé aux loups pour que le ministre puisse rester dans le traîneau.
Après s’être présentés à nous sur un cheval de combat appelé « responsabilité », il semble maintenant que les conservateurs se laissent aller aux comportements qui ont contaminé le Parti libéral au point d’entraîner sa défaite aux élections. À la Période des questions, ils ont pris l’habitude de se défendre en disant que « les libéraux étaient pires ». Cela n’est pas acceptable et indique que dans les arcanes du pouvoir, rien n’a changé, sauf les acteurs.
L’organisateur conservateur qui a fait du lobbying pour obtenir le contrat de Travaux publics n’était pas enregistré comme lobbyiste auprès du gouvernement fédéral, alors que le Parti conservateur a dit publiquement que tous les lobbyistes devaient s’enregistrer et qu’il a même fait adopter un projet de loi en ce sens. Des dossiers d’Élections Canada montrent que Paul Sauvé, le président de l’entreprise qui n’a pas exécuté le contrat visant les réparations, a donné à la limite maximale autorisé lors de l’activité de financement qu’il a organisée. M. Sauvé a indiqué qu’une douzaine de personnes qui ont profité du contrat avaient donné entre 500 $ et le maximum de 1 100 $ afin d’assister à l’activité avec le ministre des Travaux publics. Voilà qui a toutes les apparences d’un trafic d’influence, et la GRC a de bonnes raisons d’enquêter.
Quand il s’agit de responsabilité, les conservateurs jurent avoir le cœur pur, mais mis à l’épreuve, ils se plantent. Les demandes répétées pour la démission du ministre Paradis ont été ignorées. Le premier ministre a expulsé Helena Guergis du Cabinet et du Parti conservateur pour beaucoup moins que cela. On peut se demander s’ils croient remporter de nouveau sa circonscription aux prochaines élections, tandis que leurs sièges au Québec sont loin d’être aussi sûrs.